Palais de l'Académie Académie royale de France |
| | De la pertinence d'un institut d'ontologie | |
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Walan
Messages : 296 Date d'inscription : 28/08/2011
| Sujet: De la pertinence d'un institut d'ontologie Sam 3 Sep - 22:11 | |
| De la pertinence d'un institut d'ontologie
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AuteurMessage jandebohem Académicien Royal de France
Nombre de messages: 436 Duché/Comté: Périgord Date d'inscription: 01/04/2008
| Sujet: De la pertinence d'un institut d'ontologie Jeu 26 Nov - 23:40 | |
| Elle méditait fort sur les capacités du Sieur Corteis à contaminer l'ensemble du collège de son enthousiasme en ouvrant pour la première fois les portes de l'antichambre Les huis grincèrent un peu mais elle ne sût dire qu'elle était la nature d'un tel présage
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| | | Arielle_de_Siorac Académicien Royal de France
Nombre de messages: 910 Date d'inscription: 15/11/2007
| Sujet: Re: De la pertinence d'un institut d'ontologie Ven 27 Nov - 17:47 | |
| Arielle était sise là, en compagnie des Académiciens royaux. La pièce était confortablement silencieuse, réchauffée par le bon feu qui brûlait dans l'âtre et par les nombreux candélabres illuminant les visages.
La Grande Académicienne accueillit Jan de Bohem avec un doux sourire. Leur invité allait certainement suivre juste après...
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| | | jandebohem Académicien Royal de France
Nombre de messages: 436 Duché/Comté: Périgord Date d'inscription: 01/04/2008
| Sujet: Re: De la pertinence d'un institut d'ontologie Sam 28 Nov - 11:14 | |
| Encore un petit effort pour passer sans encombre la dure corvée des présentations Ca ne tiendrait qu’à elle et sans ce foutu chef du protocole qui demeurait invisible mais étendait son réseau d’espions comme une gigantesque toile d’araignée, elle se contenterai volontiers d’un « Constant Corteis » tendant l’avant bras droit en direction du visiteur et « le Collège » paume de la main gauche en position offrande
Sauf que toujours … un semblant d’éducation lui dictait que les choses ne se passaient pas ainsi et qu’il fallait encore appliquer la règle du « pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué » chère à l’étiquette
Mesdames, messires, chers collègues, j’ai la joie de vous présenter le Sieur Constant Corteis, lequel à bien voulu faire le voyage de sa province reculée pour nous faire l’honneur de répondre à l’invitation que nous lui avions lancé
Messire, le collège des académiciens royaux ici présent, désireux de statuer sur l’éventuelle création d’un institut supplémentaire a jugé bon, que vous puissiez vous-même lui faire entendre votre cause
sans compter qu'il fallait avoir un sacré coffre pour débiter ce genre de phrase à rallonge dans l'ignorance des années d'exercices qui permettent d'aménager les pauses respiratoires nécessaires afin ne pas simplement étouffer
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| | | Constant Corteis Copiste des Belles Lettres
Nombre de messages: 13 Date d'inscription: 21/11/2009
| Sujet: Re: De la pertinence d'un institut d'ontologie Sam 28 Nov - 17:43 | |
| Constant avait suivi Jandebohem, sans se poser de questions. Si fier qu'il soit de son indépendance d'esprit, il arrivait à l'occasion qu'il se délecte de ce genre de petite résurgence des instincts grégaires de l'humanité. Il déambula donc dans des couloirs, en se faisant vaguement la réflexion qu'il serait proprement incapable de faire le chemin du retour tout seul, jusqu'à arriver dans une pièce où la disposition des gens qui lui faisaient face ne lui rappelait pas que des bons souvenirs.
Visiblement plus prompte à verser dans les rodomontades, Jandebohem prit les devant, et se fendit d'une présentation de sa personne dont l'efficacité et la fonctionnalité trahissait l'esprit scientifique de la locutrice. Dès l'instant où elle eut fini, Constant s'avança quelque peu, la remercia, et se présenta à son tour, osant la redondance, devant le collège des académiciens.
Mesdames, messires, enchanté. Je crains hélas de n'avoir pas grand chose à ajouter à l'intervention de votre collègue. J'espère d'ailleurs qu'il ne s'agira pas d'une habitude qu'elle me prive ainsi de ma loquacité, car j'ai tendance à croire que le mutisme ne me siérait guère.
Il s'arrêta un moment pour adresser un sourire à celle qui habitait la même "province reculée" que lui, et ajouta quelque mot sur un ton plus sérieux.
J'oserais, pour ma part, vous suggérez de débuter séance tenante mon petit exposé, car, en toute franchise, je crains de ne pouvoir vous promettre d'être bref tout en restant exhaustif. Avez-vous des question préalables ou puis-je commencer directement ?
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| | | Arielle_de_Siorac Académicien Royal de France
Nombre de messages: 910 Date d'inscription: 15/11/2007
| Sujet: Re: De la pertinence d'un institut d'ontologie Sam 28 Nov - 18:36 | |
| L'invité avait fait son entrée, souriant et détendu. Sans s'encombrer de protocole, il avait à peine salué le Collège que jà il se proposait de se lancer dans sa présentation. Un homme ayant un fort souci d'efficacité, à n'en pas douter.
La Grande Académicienne l'accueillit avec un sourire affable. Icelle, d'un âge vieillissant, tenait tout de même à un minimum de décorum.
Elle prit donc la parole, ses murmures glissant difficilement jusqu'aux oreilles.
La bienvenue à vous, Messire Corteis. Je suis Arielle de Gilraen de Dénéré, Grande Académicienne royale de France, et voici mes collègues Académiciens royaux.
Nous sommes heureux de pouvoir vous entendre à propos de votre idée. En effet, Dame de Bohem nous l'a brièvement exposée mais sans pouvoir nous faire comprendre exactement l'objet d'étude que vous visez.
Nous sommes donc bien curieux de vous entendre à ce propos.
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| | | Anne de Culan Académicien Royal de France
Nombre de messages: 731 Age: 19 Duché/Comté: Bourgogne Date d'inscription: 21/10/2008
| Sujet: Re: De la pertinence d'un institut d'ontologie Lun 30 Nov - 17:57 | |
| Blême et silencieuse tout au bout du rang des Académiciens, Anne avait une fois de plus l'esprit ailleurs. Elle était lasse bien avant l'âge, rongée par la fièvre, désabusée de tout. Elle ne tenait plus debout que par la promesse faite à une morte, qu'elle n'avait point connue, de surcroît : organiser le concours académique dont elle avait rêvé. Sa collègue de l'Institut des Sciences avait parlé d'ontologie. Pourquoi pas ? Elle se rappelait ses discussions à ce sujet avec son frère, et ... Non ! Ne pas penser à Gabriel. Le Père Comis, plutôt. Lui aussi discourait d'ontologie, des propriétés de la possibilité, de la possibilité de l'ontologie. Il affichait son petit sourire bonhomme - qu'Anne était inconsciemment en train de reproduire à demi - et la logorrhée commençait, douce berceuse pour la fillette qu'elle était alors.
Nous sommes donc bien curieux de vous entendre à ce propos.
Oui... oui, bien curieux. Exit l'ébauche de sourire. Place au regard intéressé, aux mains sagement jointes dans le giron, aux épaules bien droites.
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| | | Constant Corteis Copiste des Belles Lettres
Nombre de messages: 13 Date d'inscription: 21/11/2009
| Sujet: Re: De la pertinence d'un institut d'ontologie Lun 30 Nov - 20:52 | |
| Constant inclina légèrement la tête en signe d'acquiescement et entama son propos sans attendre.
Je vous remercie.
Bien, commençons. L'objectif de ma prise de parole sera double, il s'agira, tout d'abord, de définir l'ontologie afin d'en bien délimiter à la fois les thèmes et les enjeux, mais également, de manière plus spécifique, de déterminer précisément en quoi l'exercice d'une telle discipline serait pertinente dans une institution telle que celle-ci. Pour cela, je serai amené, au cours de mon exposé, à montrer qu'il n'y aurait aucune redondance, aucun empiètement d'un institut d'ontologie sur un autre. Suffit.
De manière simple, et d'un point de vue étymologique, l'ontologie se veut être un discours sur l'être. Il est d'usage d'en donner la définition simple suivante : "la science de l'être". Alors, au risque de considérablement compliquer le propos dès le départ, je voudrais faire, d'emblée, une distinction qui me semble parfaitement capitale. Je ne suis que partiellement d'accord avec cette définition un tantinet négligente. A mon sens, l'ontologie doit bien plutôt être pensée comme étant la science de l'étant, et non la science de l'être. L'étant en tant que tel, c'est à dire simplement en tant qu'il est, me semble être la base réelle de toute investigation ontologique. Par opposition, l'être ne se prête à un tel examen que de manière détournée. Je m'explique.
Il est évident qu'il y a plus dans l'être que dans l'étant. Si je puis m'exprimer ainsi, "l'étance" d'une chose renvoie de manière simple et concrète au fait qu'elle soit, rien de plus, alors que, en revanche, l'être d'une chose doit être entendue comme jugement normatif sur les déterminations essentielles de la chose en question. Parler de l'être d'une chose ne revient pas à analyser le fait qu'elle soit, c'est mobiliser une réflexion sur ce qui la fait telle, ce en vertu de quoi elle est ce qu'elle est. Il s'agit donc d'un discours normatif, qui se place d'emblée sur le plan de la justification substantielle, autrement dit la raison d'être. De tels discours peuvent à l'évidence être passionnants, mais ils relèvent nettement plus de la métaphysique, voire de la théologie, qui prétendent rendre compte de la nature des choses telles qu'un effort de réflexion de l'intelligence les fait apparaître comme telles, et, surtout, nécessairement telles. L'ontologie pure, en revanche, est un effort analytique concret, visant à dévoiler les choses en elles mêmes par l'étude pour ainsi dire empirique, bien qu'il n'y ait pas de primat du domaine sensitif, des choses telles qu'elles sont. Ainsi, j'ai dit que l'être se prête à un examen d'ordre ontologique de manière détournée, car il est susceptible d'être analysée en tant qu'objet, mais absolument pas en tant que méthode systématique. En gros, il y a un sens à faire l'ontologie de l'être, tandis que l'ontologie de l'étant est un pléonasme.
Voilà pour cette petite précision fondamentale, qui, je l'espère, n'aura tout de même pas manqué de vous renseigner un petit peu, déjà, sur ce qu'est l'ontologie en tant que science de l'étant. Pour affiner un peu tout cela, et surtout pour donner une représentation si j'ose dire plus immédiate de ce que peut donner l'exercice d'une réflexion ontologique, je me permettrais de vous offrir le résumé d'un cours que j'ai été amené à donner sur le concept de mouvement et la résolution par l'ontologie de l'antinomie du devenir, dans une université libre du Périgord.
Je résume, les pensées antiques, pré aristotéliciennes, en sont resté à un stade purement aporétique quant à la réflexion sur le concept de devenir. Comme il s'agit d'un résumé, je ne m'arrête pas sur les subtilités de définition, et j'indique que je tiendrai pour synonymes les termes "devenir", "changement", et "mouvement". Les deux pôles aporétiques étaient, d'un côté, l'éléatisme, de l'autre l'héraclitéisme. L'éléatisme s'articule autour d'un axiome fondamental, celui que seul l'être est, tandis que le non-être n'est pas. Il s'en suit qu'un passage de l'être au non être, et vice versa, est impossible, car le non-être serait amené à être, ce qui est contradictoire. De sorte que tout changement, en tant que modification du réel caractérisée par le passage à l'être d'une situation qui n'était pas auparavant, est illusoire. La thèse est radicale, et mène à des extrémités telles que les fameux paradoxes exposés par Zénon d'Elée, selon lesquels le mouvement est une illusion. Je n'y reviens pas. Je signale juste pour les amateurs, que le platonisme relève de cette tendance, à savoir la dégradation du devenir en privation d'éternité. De l'autre côté, nous avons le dynamisme d'Héraclite, selon lequel, selon la formule consacrée : "tout coule, tout danse". Il s'agit de dire que la réalité est mouvante par essence, et que le devenir est la réalité ontologique première. L'on cite souvent l'exemple du fleuve, et de l'impossibilité de se baigner deux fois dans le même fleuve. Il n'y a donc pas d'être, au sens propre, mais simplement du devenir, la réalité est fluctuante, changeante, mouvante. Il résulte de là un problème fondamental, à savoir l'impossibilité de toute connaissance. En effet, si les choses changent en permanence, il est inutile de discourir sur elles. Voilà, nous voyons bien que nous nous situons au carrefour de deux thèses contradictoires, radicales, et insatisfaisantes.
C'est là qu'entre en jeu l'ontologie aristotélicienne, par laquelle les deux thèses se trouveront conciliées, dépassées. Il s'agit, et j'insiste sur le fait que je résume grossièrement, de distinguer, pour l'étant, deux modes d'être bien particuliers. Tout le monde s'accordera à dire qu'un petit garçon n'est pas une petite fille, de la même manière qu'il n'est pas un homme adulte. il s'agit là de la réflexion ontologique la plus naïve qui soit. Dans la pensée aristotélicienne, en revanche, nous n'en restons pas là. En effet, nous pouvons remarquer que jamais nous ne trouverons, pour le petit garçon, la possibilité d'être une petite fille, car être en tant que garçon exclue que l'on puisse être en tant que fille. En revanche, il y a une ambiguïté concernant le second point. Le petit garçon se rapporte au jeune homme selon un mode d'être particulier, qui est celui de la virtualité, à savoir de la puissance. De cette manière, en étudiant précisément ce qu'est un petit garçon, l'on découvre la virtualité d'un jeune homme en puissance. De là, nous distinguons deux modes d'être particuliers : l'entéléchie et la puissance. Je m'arrête là pour ce point, qui mériterait bien sûr de plus amples développements, et je raccorde à mon propos. C'est par une réflexion ontologique, sur "l'étance" d'un petit garçon, que nous venons de mettre à jour deux modes d'être. C'est en analysant ce qu'il est que nous voyons qu'un petit garçon comporte en lui-même, comme moteur de son devenir, sa puissance d'être, actuelle en tant que puissance, virtuelle en tant qu'acte. Dès lors, l'aporie est résolue, car le devenir se pense sur fond de permanence. D'où la célèbre définition : "Le changement est l'entéléchie de l'être en puissance en tant que tel". Je ne développerai pas plus, en espérant que tout ceci ait été suffisamment éclairant.
Je voudrais à présent anticiper une remarque. J'ai pleinement conscience que tout ceci est aride et difficile. Réfléchir sur un objet si mince, analyser une chose dont les déterminations sont minimales, voilà bien une lourde tâche. Je ne le nie pas, et c'est précisément ce pourquoi je me tourne vers l'élite intellectuelle du royaume. S'il y a un endroit où l'on peut toucher à ce niveau de réflexion, c'est bien à l'académie royale. Le problème qui se pose ici est qu'il ne faut pas faire de l'incompréhensibilité au sens propre, c'est à dire de l'extension radicale, une limite, mais une détermination constitutive, une limite à laquelle il faut tendre. L'être, en tant que notion la plus étendue possible, ne souffre d'aucune compréhension possible, et là réside le défi de l'ontologie. Il s'agit de discourir sur une chose qu'on ne peut idéalement pas comprendre. Je n'insiste pas sur ce point, un tantinet technique, qui pourrait obscurcir inutilement le propos.
J'en viens à présent à ce qui fonde, selon moi, la spécificité de l'ontologie par rapport aux autres domaines de compétences étudiés ici-même. Je pense pouvoir faire l'économie de la comparaison avec certains instituts, dont les divergences d'objet comme de méthode sont évidentes, à tel point que je ne m'intéresserai qu'à la différence entre domaine des sciences et domaine de l'ontologie.
Je centrerai, pour faire court, cette divergence sur une profonde différence de méthode, en tâchant de distinguer l'induction de la réflexion eidétique. En effet, et je parlerai en cela sous le contrôle attentif de Jane de Bohem, la méthode des sciences telles qu'elles sont pratiquées ici repose sur l'expérimentation. Il en résulte que, pour devenir générale, et donc proprement scientifiques, elles doivent reposer sur une induction. Rien de compliquer. L'ontologie se base également sur l'expérimentation, mais d'un point de vue purement idéel. Je prends un exemple.
Le scientifique dirait : "Toutes les fois que j'ai perçu une couleur, elle était étendue, j'en conclue donc que l'extension est nécessaire à la couleur." L'ontologue formulerait ainsi : "Toutes les fois que je me représente une couleur, je me représente une étendue qui la sous-tend, sans laquelle la couleur serait détruite, j'en conclue donc que l'extension est une détermination eidétique de la couleur, c'est à dire que la couleur n'est pas représentable sans elle."
Il s'agit donc de deux modes de rapport aux choses parfaitement irréductibles l'un à l'autre, le premier étant sensitif, le second, eidétique, c'est à dire idéel. J'ai dit tout à l'heure que l'ontologie se pensait comme un empirisme sans primat des sens, il s'agit de la même idée. Nous avons d'ailleurs une bonne caractérisation des pôles entre lesquels navigue la spécificité, et donc la légitimité de l'ontologie en tant que telle. D'un côté, les sciences empiriques, de l'autre côté la métaphysique. Inévitablement, l'ontologie naviguera entre les deux, et traitera d'ailleurs des mêmes sujets, mais sur un mode différent.
Constant s'arrêta alors un petit moment, afin de souffler, et de faire le point, avant de reprendre, pour conclure.
Voilà, j'en suis arrivé au terme de ce que j'avais prévu de vous dire. J'espère avoir été clair, et je me tiens à votre disposition pour d'éventuelles questions.
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| | | Arielle_de_Siorac Académicien Royal de France
Nombre de messages: 910 Date d'inscription: 15/11/2007
| Sujet: Re: De la pertinence d'un institut d'ontologie Mar 1 Déc - 21:52 | |
| Un long silence abasourdi avait suivi le discours de l'invité. Chacun méditait sur ce qu'il venait d'ouïr - ou sur ce qu'il allait avoir pour dîner ce soir-là, c'était selon.
Dans le cas de la Grande Académicienne qui, bien qu'elle soit attachée aux manières raffinées, n'était guère férue de longs laïus, elle avait écouté attentivement ce que Constant venait de leur dire sans toutefois arriver à empêcher ses pensées de vagabonder à l'occasion. Elle n'avait donc pas tout saisi mais avait néanmoins une idée générale de ce que leur visiteur entendait par ontologie.
Elle finit donc par rompre le silence de ses chuchotements courtois.
C'est un fort savant discours que vous venez de nous livrer là, Messire Corteis. Vous nous avez donné une preuve éclatante de votre érudition, à n'en pas douter.
Nous entendons bien sur quel objet vous souhaitez porter vos travaux. L'ontologie, la science de l'être, voilà un domaine de réflexion fort noble et indubitablement digne d'être étudié en une institution royale.
Elle sourit.
Cette démonstration faite, j'aimerais vous inviter à présent à nous présenter les aspects plus... terre-à-terre de votre projet. En effet, c'est une chose de déterminer un objet d'étude, mais c'en est une autre de construire un institut qui lui soit dédié.
Ainsi, pouvez-vous me dire quels projets seraient menés par cet institut? Par exemple, avez-vous l'idée d'un dictionnaire, d'un recueil de mémoires, d'un manuel à l'intention des philosophes? Il vous faut en effet songer à la pérennité de cet institut, à son développement dans le temps. Que comptez-vous réaliser avec cela?
Par ailleurs, avez-vous déjà repéré des personnes qui pourraient être intéressées à travailler au sein de cet institut en tant que copistes? Que leur feriez-vous faire? Quelles seraient les activités qui animeraient votre institut?
Et enfin, comment compteriez-vous faire valoir au sein du Royaume les travaux que vous auriez complétés?
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| | | jandebohem Académicien Royal de France
Nombre de messages: 436 Duché/Comté: Périgord Date d'inscription: 01/04/2008
| Sujet: Re: De la pertinence d'un institut d'ontologie Jeu 3 Déc - 23:05 | |
| Elle s’était acquittée de sa tâche honnêtement
Le collège avait accueilli son invité avec la neutralité bienveillante dont l’Académie a le secret
Il avait abordé son sujet avec brio et l’aisance appuyée que déploie tout bon conférencier dans une grande libéralité ajoutant même un poil de concession à la didactique, ce qui ne lui ressemblait guère, avouons-le. En conséquence de quoi, personne ne s’était vraiment totalement assoupi et, en ce sens c’était déjà un succès inespéré
Ne restait plus qu’à voir si le projet tenait la route au plan logistique. Nous en étions donc à l’instant délicat où le théoricien doit sauter à terre dans un élégant « hop là » et contemplant son nuage s’écrier « l’ai-je bien descendu ? »
Bien qu’affamée, elle ne songeait plus à son souper car dans ces moments là, tous les savants sont solidaires
hmm, en effet : sacré défi à relever !
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| | | Anne de Culan Académicien Royal de France
Nombre de messages: 731 Age: 19 Duché/Comté: Bourgogne Date d'inscription: 21/10/2008
| Sujet: Re: De la pertinence d'un institut d'ontologie Ven 4 Déc - 0:19 | |
| Fascinant... Anne n'avait pas suivi l'exposé jusqu'au bout. Elle était restée bloquée sur les perspectives vertigineuses de l'apparente contradiction évoquée par Messire Corteis. Son esprit faisait la navette entre le paradoxe de Zénon et le fleuve d'Héraclite. Elle qui posait si souvent la question "A quoi bon ?", puis fustigeait son découragement, s'avisait que les doutes qui l'assaillaient régulièrement trouvaient écho chez tout un chacun, de manière consciente ou non, et que ces doutes pouvaient être observés, impitoyablement disséqués par l'esprit-même dans lequel ils naissaient. Et la question, lancinante, revenait : A quoi bon ? Si nulle connaissance ne peut être atteinte, le fait de le savoir n'est-il pas déjà en soi une connaissance ? Est-elle nécessaire, suffisante ? Elle avait les yeux dans le vague, l'ongle de son pouce gauche se glissait sous celui de son index droit, dérapait en petits claquements secs particulièrement agaçants.
Le murmure de la Grande Académicienne, en s'immisçant dans le silence épais de sa réflexion, mit un terme et aux claquements, et aux glissades de son esprit.
Les questions de Dame Arielle lui parurent fort pertinentes, mais il en manquait une qu'elle brûlait de poser. Mal à l'aise, elle chercha vainement comment la formuler.
Si aucune connaissance n'est possible ...? Non, ce n'est pas ça que je veux dire. Voyons... Si le Très-haut est l'acte d'être, avons-nous le droit de ... ? Non, ça ne va pas... Et le Très-haut, dans tout ça ?
Elle préféra se taire, et attendre les projets de Messire Corteis concernant l'Institut qu'il se proposait de créer.
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| | | Sindanarie Grand Académicien Royal de France
Nombre de messages: 771 Age: 24 Duché/Comté: Limousin et Marche Date d'inscription: 22/07/2008
| Sujet: Re: De la pertinence d'un institut d'ontologie Ven 4 Déc - 0:55 | |
| Réchauffée de corps par le feu qui brûlait doucement, glacée de l'intérieur par les vents froids du deuil encore trop frais, la jeune femme avait suivi en silence l'entrée puis le spectaculaire exposé du Sieur Corteis. Quelles perspectives, quels dégagements... Quel vertige ! Se sentant toute petite, elle ne put qu'acquiescer aux dires de ses collègues. Oui, c'était une science digne d'un Institut en l'illustre Académie. Mais qu'ajouter après pareil exposé ? Elle se sentait revenir à son enfance, dans les côteaux des Monts Damnés. Elle avait l'impression de se trouver de nouveau devant son herboriste de grand-père qui l'interrogeait, si doucement, si gentiment, et auquel elle ne savait pas répondre.
Le regard émeraude de Sinadnarie balaya rapidement l'assemblée quand la question de la mise en pratique fut lancée par la Grande Académicienne. Cela, c'était le point difficile... Car malgré tous les projets du monde, il était une variable qui demeurait toujours. Le temps... Ce temps qui lui faisait cruellement défaut, le Sieur Corteis l'aurait-il ?
Et ces phrase bredouillées et non achevées de l'Académicienne ouvrirent de nouveaux horizons infinis. Aristote, cela n'avait pas de fin... Partagée entre son émerveillement et ces interrogations qui planaient, Sindanarie finit par fixer, sans se soucier de paraître impolie, sans même songer qu'elle pourrait le paraître, l'invité du Collège, attendant avec un léger sourire sa réponse.
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| | | Arielle_de_Siorac Académicien Royal de France
Nombre de messages: 910 Date d'inscription: 15/11/2007
| Sujet: Re: De la pertinence d'un institut d'ontologie Ven 4 Déc - 20:36 | |
| Arielle avait souri à la jeune Anne qui semblait troublée par les perspectives mises de l'avant par leur invité. Le Très Haut... oui, et le Très Haut dans tout cela? Mais en tant que gardienne du bon ordre et de l'épanouissement de l'Académie, la comtesse souhaitait entendre la réponse à ses interrogations avant de songer à de nouvelles considérations métaphysiques.
Il lui fallait veiller au concret, à cet acte d'être dont il était question et qui devait être embrassé avec pragmatisme pour que sa remise en question soit ensuite possible.
Constant Corteis semblait embêté par les détails demandés; le silence s'alourdissait. Arielle chercha le regard de leur invité.
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| | | Walan
Messages : 296 Date d'inscription : 28/08/2011
| Sujet: Re: De la pertinence d'un institut d'ontologie Sam 3 Sep - 22:11 | |
| Constant Corteis Copiste des Belles Lettres
Nombre de messages: 13 Date d'inscription: 21/11/2009
| Sujet: Re: De la pertinence d'un institut d'ontologie Ven 4 Déc - 22:48 | |
| Constant était effectivement embêté. Il arborait une attitude pleinement conforme à cet état de fait, bien que d'une sobriété exemplaire, tout de même, là n'était pas le lieu pour se gratter bêtement le crâne. La raison de cet embêtement était fort simple, et reposait sur une forme de prise au dépourvu. En effet, jamais à un seul moment le jeune homme avait pu imaginer qu'on lui poserait une telle question. Et le fait est qu'il ne lui avait jamais semblé pertinent de se la poser, d'où une certaine forme de perplexité à la réception.
Je vous avouerais que je n'avais pas spécialement pensé à ce genre de choses. C'est du reste une assez bonne question. Pour être honnête, je n'ai jamais imaginé que cela puisse poser problème, en réalité. Sans vouloir m'échapper encore en des considérations peut-être trop abstraites dans le présent cadre, il est caractéristique de l'ontologie de ne point trop dissocier la forme du fond, au moins à titre expérimental et méthodologique, de sorte que, une fois l'un posé, comme je pense l'avoir fait, l'autre suive nécessairement.
Mais je peux essayer de tirer le fil. Pour ce qui est des projets, concrètement, c'est assez simple, il s'agit de soutenir la recherche scientifique dans le domaine particulier qui est celui que je viens de décrire. Cela peut prendre forme de différentes manières, mais c'est principalement dans l'ordre de la diffusion que se situe l'enjeu. Je veux dire par là que, autant les sciences de la nature supposent de bénéficier d'une infrastructure concrète, et donc onéreuse, pour mener à bien leurs expérimentations, autant l'ontologie se fait essentiellement par réflexion et introspection. En revanche, c'est la généralisation de cette approche, la diffusion de ses résultats, qu'il conviendrait, selon moi, de soutenir. C'est donc dans cette optique, de manière générale, que se concentreraient mes efforts. Alors bon, concrètement, cela peut prendre diverses formes, lesquelles doivent comme toujours être adaptées à un contexte que je ne connais pas encore, ce qui m'interdit de vous en dire plus de manière trop péremptoire. Pardonnez moi, mais, en tant qu'ontologue, je me méfie des généralités qui ne soient pas eidétiques au sens précis que j'ai évoqué plus haut. A titre indicatif, je souligne que me semblent envisageables des choses telles que l'organisation de discours en forme de conférence, de cours spécifiques dans les universités du royaume, de débats, publiques ou non, avec les instances représentatives d'autres formes d'appréhension gnoséologique, la diffusion de traités, éventuellement, si l'institut se développe, l'on pourrait envisager la création d'un bulletin régulier, retraçant l'avancée des dernières recherches.
Ce qui constituerait la vie propre, et pour ainsi dire quotidienne de l'institut, serait la recherche personnelle et l'expérience individuelle de la méthode ontologique, qui est l'etoffe de la réflexion, et dans un second temps, la discussion autour de l'interprétation. Je vous avoue en revanche que j'aurais du mal à faire une distinction autre que purement statutaire et honorifique entre académicien proprement dit et copiste, sachant qu'il n'y a pas plusieurs façon de faire de l'ontologie. Donc la question sur les copistes se mêle à d'autres, plus générale.
J'ignore si je réponds à vos interrogations, mais je vous avoue ne pas me sentir très à l'aise à aborder ce genre de thèmes. Non pas qu'il me soit pénible d'agir, mais j'ai tendance à considérer que parler de ce que l'on fait, et à plus forte raison de ce que l'on va faire, revient souvent à méconnaître le sens profond de l'action elle-même. Je vous dis cela à dessein, car l'on interprète trop souvent l'humilité en tant qu'apraxie, ce qui diffère fondamentalement. Je parle d'humilité car je me sentirais coupable d'une certaine forme de vanité si je vous livrais dès à présent des certitudes et des projets complets, tels que leur réalisation serait anecdotique. Je n'envisage pas les choses ainsi, et c'est pour cette raison que j'ai du mal à vous répondre de manière plus précise. Ce qui m''a occupé pour le moment était de vous définir l'ontologie, et de vous montrer qu'elle offrait un domaine de recherche exclusif et spécifique. Pour le reste, il me semble qu'il est trop tôt pour vous donner des projets concrets. L'idée qui germe impose sa forme à son expression de la même manière que l'âme impose la sienne à la chair. Je peux vous donner des éléments généraux, de manière à vous renseigner globalement, et je viens de le faire, mais il ne faudrait pas se méprendre sur l'importance que j'y donne moi-même.
Constant se ménagea un court instant de pause, avant de reprendre.
Bref, je ne suis pas sûr d'être tout à fait clair dans mes propos, et je m'en excuse. Je me bornerai à vous dire, pour conclure, que ce que je cherche à organiser, c'est la diffusion de cette méthode, synonyme d'enrichissement. L'ontologie repose sur une observation eidétique, certes, mais néanmoins concrète et personnelle, elle se nourrit donc de la pluralité des sources. Cette diffusion pourrait se faire par de nombreux média, que j'ai mentionnés plus haut. Tenez, un exemple précis, j'ai récemment reçu une invitation de l'ordre Lescurien pour venir débattre de théologie et d'exégèse, lors d'une grande session de discussion contradictoire, rassemblant de nombreux participants d'obédiences intellectuelles diverses. Il me semble d'une part que l'Académie royale gagnerait à être représentée en ce genre de manifestations, et, surtout, qu'il s'agir là typiquement de ce dont l'Académie, et plus précisément un éventuel institut d'ontologie, pourrait prendre l'organisation en charge.
Je m'excuse d'être encore une fois assez long, mais je n'ai pas eu le temps de calibrer mon propos, et je vous livre mes pensées pour ainsi dire telle qu'elles me viennent. J'ai évoqué le fait que l'ontologie s'enrichirait de sa diffusion, et je tiens à appuyer cette idée. Il ne s'agit pas de chercher la diffusion pour la diffusion, mais pour la recherche, pour le progrès de la connaissance.
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| | | Arielle_de_Siorac Académicien Royal de France
Nombre de messages: 910 Date d'inscription: 15/11/2007
| Sujet: Re: De la pertinence d'un institut d'ontologie Mar 8 Déc - 22:35 | |
| Aucune réaction des autres Académiciens. Manifestement, ils n'avaient pas de questions supplémentaires.
Arielle offrit un sourire affable à leur visiteur, qui semblait patiner sur une réponse incertaine.
Rassurez-vous, Messire Corteis, mes questions ne sont guère piégées. Je veux simplement m'assurer que cet institut ne serait guère une coquille vide vous abritant tout seul, isolé avec vos réflexions comme dans une tour d'ivoire. De par votre réponse, vous m'apparaissez peu à l'aise avec la gestion d'une équipe, et beaucoup plus avec la manipulation des concepts. Cela n'est guère un problème insurmontable.
J'aimerais à présent que vous nous parliez un peu de vous, cher messire. En effet, être un Académicien royal implique certaines choses qui ne se retrouvent pas chez tous les quidam. Ainsi, d'où venez-vous? Habitez-vous en France? Quelles sont vos occupations? Quelles expériences vous permettent-elles d'aspirer à la qualité que vous convoitez céans?
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| | | Constant Corteis Copiste des Belles Lettres
Nombre de messages: 13 Date d'inscription: 21/11/2009
| Sujet: Re: De la pertinence d'un institut d'ontologie Jeu 10 Déc - 0:02 | |
| Constant haussa un moment un sourcil, et sourit d'un air un peu embarrassé à son interlocutrice.
Loin de moi l'idée de penser que vous ayez voulu me piéger, mais je peine simplement à vous exprimer une idée qui, en soi, n'est pas sans présenter quelques menues complications. Au sujet de mon aise dans la gestion d'une équipe, je vous avouerais franchement que je ne puis vous contredire, car je n'ai jamais vraiment eu à assumer une position de meneur de troupe. Un petit mot concernant vos craintes, je ne peux hélas pas les infirmer non plus, sachant que c'est précisément une chose que je considère moi-même comme un défi. Je n'ignore pas que le sujet est quelque peu difficile, et que le véritable travail se situe, comme je l'ai dit de manière certes un peu confuse, dans le domaine de la diffusion.
Pour ce qui me concerne, je réside en Périgord depuis quelques mois, et je suis vraisemblablement amené à y demeurer. J'aurais du mal à vous donner une image très précise et intéressante de mes origines, ma famille étant assez éclatée. Pour ce qui me concerne, j'ai beaucoup voyagé depuis très jeune, car il est assez difficile de s'instruire sans avoir à se déplacer, hélas. Dans un passé plus récent, j'ai eu l'occasion de m'investir dans la vie politique d'un comté, en l'occurrence le Béarn. Il m'avait été demandé de réécrire le droit local, ce que j'ai tenté de faire, en intégrant le conseil comtal et en soumettant un projet qui a sûrement été abandonné à l'heure actuelle, faute de conviction à la tâche de la part de mes collègues, et sachant que j'ai, pour des raisons de santé, été obligé de démissionner au bout d'un mois. C'est assez dommage au passage, car le défi était intéressant, il s'agissait d'étoffer et de réifier si j'ose dire un système juridique tout en lui préservant son origine coutumière.
Je ne vous raconte pas ça pour le plaisir de vous ennuyer avec ma vie passionnante, mais c'est pour vous donner un ordre d'idée sur ce que sont mes occupations concrètes. Je pourrais aussi vous parler d'un épisode récent, qui m'a vu défendre les positions, controversées, d'ailleurs à juste titre, de l'évêque de Périgueux devant le tribunal de la Sainte Inquisition. Le jugement est en attente, d'ailleurs, j'ai bon espoir qu'il soit clément. Tout ça pour vous dire que mes occupations sont essentiellement d'ordre intellectuel. Je ne suis pas bon à grand chose d'autre qu'à réfléchir et à parler, donc il faut bien en vivre. Je m'intéresse du reste à tous les domaines, en lesquels j'ai fini par avoir quelques compétences. J'ai choisi de vous parler d'ontologie pour la raison précise que, étant par nature ancrée dans l'expérience, elle permet de mettre à profit toute forme de connaissance. Pour ce qui concerne mes expériences, je vous avoue que j'aurais du mal à vous en donner une manifestation plus probante que la simple évocation des recherches et réflexions personnelles que j'ai menées. Ce qui, concrètement, et en toute franchise, me donne à penser que je suis légitime à diriger un institut est que je pense que vous aurez du mal à trouver plus compétent que moi en la matière, associé au fait, et je le souligne avec insistance, que je laisserais volontiers ma place s'il s'avérait que cela soit le cas.
En attendant, je pense que je pourrais apporter quelque chose à l'académie, tout simplement en lui permettant d'étendre son champ de compétence à un domaine qu'elle n'englobe pas actuellement.
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| | | | De la pertinence d'un institut d'ontologie
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| | | Walan
Messages : 296 Date d'inscription : 28/08/2011
| Sujet: Re: De la pertinence d'un institut d'ontologie Sam 3 Sep - 22:12 | |
| De la pertinence d'un institut d'ontologie
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AuteurMessage Lysesl Académicien Royal de France
Nombre de messages: 772 Duché/Comté: Montmirail, Maine Date d'inscription: 01/02/2008
| Sujet: Re: De la pertinence d'un institut d'ontologie Jeu 10 Déc - 0:33 | |
| Elle écoutait, essayait de comprendre, mais n'était pas certaine d'y arriver. Elle aimait le concret, le direct du point A au point B. Elle avait appris à se méfier des gens qui noyaient le poisson plutôt que de répondre directement, et elle avait l'impression que c'est ce qui se passait en ce moment. Mais était-ce donc si difficile de répondre simplement ?
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| | | jandebohem Académicien Royal de France
Nombre de messages: 436 Duché/Comté: Périgord Date d'inscription: 01/04/2008
| Sujet: Re: De la pertinence d'un institut d'ontologie Dim 13 Déc - 19:26 | |
| Elle avait moyennement apprécié le coup de levier prenant appui sur des plaies ouvertes à savoir les dépenses d’infrastructure dispendieuses de l’institut des sciences. C’était toujours si difficile de convaincre et convaincre encore qu’il existe un coût sans garantie de retour sur investissement dès qu’il s’agit de mettre en œuvre essais et expérimentations ! Il ne se privait donc pas, et c’était de bonne guerre, d’insister sur la souplesse d’une recherche qui, à l’instar de celle des autres instituts doit seulement être diffusée et publiée et puis, au fond, elle aimait assez cette manière plutôt droite et honnête d’avouer qu’il ne savait trop vers quoi le conduiraient ses investigations
Ensuite, il avait dressé un résumé de son parcours et elle était restée estomaquée d’entendre un récit d’une concision telle qu’on pouvait à juste titre s’inquiéter de l’état de santé du personnage
A l’issue de la présentation, il ne faisait aucun doute dans l’esprit de l’académicienne que le Sieur Corteis était la personne qualifiée pour diriger un tel projet. En somme ...
Pour moi, la question est surtout, et elle s’adresse aussi à vous, chers collègues
est-il pertinent que l’Académie Royale s’intéresse à l’ontologie ? Doit-elle couvrir le champ de l'étude des propriétés générales de tout ce qui existe en créant ce nouvel institut ?
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| | | Arielle_de_Siorac Académicien Royal de France
Nombre de messages: 910 Date d'inscription: 15/11/2007
| Sujet: Re: De la pertinence d'un institut d'ontologie Lun 14 Déc - 0:12 | |
| Les Académiciens s'étaient consultés, laissant leur invité seul quelques instants. À leur retour, Dame de Bohem posa quelques questions, à laquelle la Grande Académicienne prit d'abord le temps de répondre.
Je crois ne pas me tromper en affirmant que le Collège estime pertinent que l'Académie royale s'intéresse à l'ontologie, dans la mesure où cela entre dans sa mission de faire valoir la grandeur de la France dans divers domaines, et pourquoi pas celui de la philosophie fondamentale, la science de l'être.
Son champ d'étude exact restera à déterminer.
Cependant, et j'en viens à vous, Messire Corteis... Arielle adressa un sourire amène à leur hôte. ... le Collège croit que la création d'un Institut entièrement dévoué à l'ontologie est quelque peu prématuré. Nous pensons plutôt à un Département d'ontologie qui serait rattaché à un des Instituts existants pour l'instant.
Or, il se trouve que les avis sont partagés sur l'Institut auquel le Département d'ontologie devrait être rattaché. Certains le voient au sein des Belles Lettres car la réflexion ontologique relève très largement de rhétorique. D'autres estiment plutôt qu'il aurait sa place dans celui des Sciences, car il étudie la science de l'être.
Nous vous demandons cordialement de nous révéler ce que vous en pensez. Sciences ou Belles Lettres? Ou peut-être avez-vous d'autres idées?
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| | | Constant Corteis Copiste des Belles Lettres
Nombre de messages: 13 Date d'inscription: 21/11/2009
| Sujet: Re: De la pertinence d'un institut d'ontologie Lun 14 Déc - 22:47 | |
| Constant réfléchit un moment, visiblement dubitatif.
Je vous avoue que vous me placez dans l'embarras. Autant je comprends votre décision de ne pas constituer tout de suite un institut, je dois même dire que, au fond, je l'approuve, sachant que cela sera somme toute plus confortable pour moi dans un premier temps, autant j'ai du mal à voir en quoi la filiation à tout autre discipline pratiquée ici pourrait être autre que purement artificielle.
L'idéal serait sûrement de créer un institut de métaphysique générale, voire de philosophie, car dès lors les liens seraient clairs, mais nous retomberions ainsi dans les problèmes qu'il s'agit précisément d'éviter...
Disons que l'ontologie partage avec l'institut des belles lettres sont outil d'expression, c'est indéniable. En revanche, son objet d'investigation est nettement plus proche de celui de l'institut des sciences... Ce n'est pas simple.
Mais, puisqu'il faut que je vous donne un avis, je pencherais pour ma part pour une filiation à l'académie des belles lettres. La raison n'est pas forcément meilleure qu'une autre, mais il me semble que, à tout prendre, les modalités de travail seraient ici plus proches.
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| | | Arielle_de_Siorac Académicien Royal de France
Nombre de messages: 910 Date d'inscription: 15/11/2007
| Sujet: Re: De la pertinence d'un institut d'ontologie Mar 15 Déc - 21:21 | |
| Arielle acquiesca, le regard clair.
Nous vous remercions pour votre avis, qui sera pris en compte. Permettez à présent que le Collège vous laisse à nouveau quelques instants afin de prendre enfin sa décision.
Vous aurez rapidement une réponse finale. Entre temps, je vous invite à déguster votre verre de Montbazillac!
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| | | Arielle_de_Siorac Académicien Royal de France
Nombre de messages: 910 Date d'inscription: 15/11/2007
| Sujet: Re: De la pertinence d'un institut d'ontologie Mer 16 Déc - 2:20 | |
| Un nouvel aller-retour vers la Chambre du Collège. Arielle était revenue, s'appuyant sur sa canne avec un sourire affable.
Messire Corteis, le Collège a effectivement pris la décision de créer un Département d'ontologie au sein de l'Institut des Belles Lettres. Félicitations, vous faites désormais partie du personnel de l'Académie royale!
Vous travaillerez sous la supervision de Damoiselle Anne de Culan, qui est Académicienne en chaire de l'Institut des Belles Lettres.
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| | | Constant Corteis Copiste des Belles Lettres
Nombre de messages: 13 Date d'inscription: 21/11/2009
| Sujet: Re: De la pertinence d'un institut d'ontologie Mer 16 Déc - 21:31 | |
| Ayant plutôt l'habitude de se trouver confronté à l'Eglise, Constant fut pour le moins surpris de la promptitude de la décision. Il s'attendait à patienter quelques mois, pour que l'on finisse enfin par lui dire que l'on a un peu oublié ce pourquoi il était venu. Perdu.
Il remercia la grande académicienne en esquissant une révérence discrète.
Vous me voyez ravi, et profondément reconnaissant de la confiance que vous me donnez. En revanche, pourrais-je être mis en contact avec cette demoiselle qui me supervisera, je ne crois pas la connaître.
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| | | Anne de Culan Académicien Royal de France
Nombre de messages: 731 Age: 19 Duché/Comté: Bourgogne Date d'inscription: 21/10/2008
| Sujet: Re: De la pertinence d'un institut d'ontologie Mer 16 Déc - 23:10 | |
| Anne avait suivi Dame Arielle. Elle observa attentivement le visage de Messire Corteis tandis que la Grande Académicienne lui annonçait le résultat de la délibération du Collège. Il semblait quelque peu surpris. Pourtant, les académiciens l'avaient suivi dans ses desiderata. Etrange... Avait-elle mal interprété son expression ? Baste ! on verrait plus tard.
Elle fit un pas en avant.
Je suis Anne de Culan, Messire. Ravie de vous accueillir en mon institut.
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