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  Petit Precis de survie à la cour de France - Volume III

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Walan

Walan


Messages : 296
Date d'inscription : 28/08/2011

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MessageSujet: Petit Precis de survie à la cour de France - Volume III    Petit Precis de survie à la cour de France - Volume III Icon_minitimeSam 3 Sep - 19:59

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Petit Precis de survie à la cour de France - Volume III

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Francois Noel de Voltaire
Académicien Royal de France


Nombre de messages: 769
Duché/Comté: Cahors, Guyenne
Date d'inscription: 30/10/2007

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 Petit Precis de survie à la cour de France - Volume III Icon_minipostSujet: Petit Precis de survie à la cour de France - Volume III  Petit Precis de survie à la cour de France - Volume III Icon_minitimeLun 27 Juil - 3:15  Petit Precis de survie à la cour de France - Volume III Icon_quote_fr  Petit Precis de survie à la cour de France - Volume III Icon_edit_fr  Petit Precis de survie à la cour de France - Volume III Icon_delete  Petit Precis de survie à la cour de France - Volume III Icon_ip

Citation:
 Petit Precis de survie à la cour de France - Volume III Reliure4


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Petit précis de survie à la Cour de France
Volume III - Faire la Cour

Par Francois Noel de Voltaire
Imprimé aux despens de l'auteur et se vend

A PARIS
A l'Académie Royale de France, Au palais,
Vis à vis la porte de l'Eglise de la Ste Chapelle
à l'image S. Loiiis.

Avec le privilège du Roy

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 Petit Precis de survie à la cour de France - Volume III Reliure4


Au
beau Cardinal, Baron de Nuit St Georges, Duc de Beaujeu et Pair de
France, qui su baiser les cimes en ne courtisant que luy-mesme.


Préface


 Petit Precis de survie à la cour de France - Volume III Reliure4



I. Acquérir et conserver la réputation.

C’est
l’usufruit de la renommée. La réputation couste beaucoup à acquérir,
parce qu’il faut pour cela des qualités éminentes, qui sont aussi rares
que les médiocres sont communes ; une fois acquise, il est aisé de la
conserver ; elle engage beaucoup, et fait encore davantage. C’est une
espèce de majesté, lorsqu’elle s’empare de la vénération, en vertu de la
sublimité de sa cause et de sa sphère. Mais la réputation substantielle
est celle qui a toujours été bien soutenue.

II. Se servir de bons instruments.

Quelques-uns
font consister la délicatesse de leur esprit à en employer de mauvais :
point d’honneur dangereux et digne d’une malheureuse issue.
L’excellence du ministre n’a jamais diminué la gloire du maistre ; au
contraire, tout l’honneur du succès retourne après à la cause
principale, et pareillement tout le blasme. La renommée célèbre toujours
les premiers auteurs. Elle ne dit jamais : Cet homme a eu de bons ou de
mauvais ministres ; mais : Il a été bon, ou mauvais travailleur. Il
faut donc tascher de bien choisir ses ministres, puisque c’est d’eux que
dépend l’immortalité de la renommée.

III. Se rendre toujours nécessaire.

Ce
n’est pas le doreur qui fait un Dieu, c’est l’adorateur. L’homme
d’esprit aime mieux trouver des gens dépendants que des gens
reconnaissants. Tenir les gens en espérance, c’est courtoisie ; se fier à
leur reconnaissance, c’est simplicité. Car il est aussi ordinaire à la
reconnaissance d’oublier, qu’à l’espérance de se souvenir. Vous tirez
toujours plus de celle-ci que de l’autre. Dès que l’on a bu, l’on tourne
le dos à la fontaine ; dès qu’on a pressé l’orange, on la jette à
terre. Quand la dépendance cesse, la correspondance cesse aussi, et
l’estime avec elle. C’est donc une leçon de l’expérience, qu’il faut
faire en sorte qu’on soit toujours nécessaire, et mesme à son prince ;
sans donner pourtant dans l’excès de se taire pour faire manquer les
autres, ni rendre le mal d’autrui incurable pour son propre intérest.

IV. Se proposer quelque héros, non pas tant à imiter qu’à surpasser.

Il
y a des modèles de grandeur, et des livres vivants de réputation. Que
chacun se propose ceux qui ont excellé dans sa profession, non pas tant
pour les suivre, que pour les devancer. Alexandre pleura, non pas de
voir Achille dans le tombeau, mais de se voir luy-mesme si peu connu
dans le monde en comparaison d’Achille. Rien n’inspire plus d’ambition
que le bruit de la renommée d’autrui. Ce qui étouffe l’envie fait
respirer le courage.

V. Agir sans crainte de manquer.

La
crainte de ne pas réussir découvre le faible de celuy qui exécute, à
son rival. Si, dans la chaleur mesme de la passion, l’esprit est en
suspens, dès que ce premier feu sera passé il se reprochera son
imprudence. Toutes les actions qui se font avec doute sont dangereuses,
il vaudrait mieux s’en abstenir. La prudence ne se contente point de
probabilités, elle marche toujours en plein jour. Comment réussirait une
entreprise que la crainte condamne dès que l’esprit l’a conçue ?

VI. Penser aujourd’hui pour demain, et pour longtemps.

La
plus grande prévoyance est d’avoir des heures pour elle. Il n’y a point
de cas fortuits pour ceux qui prévoient ; ni de pas dangereux pour ceux
qui s’y attendent. Il ne faut pas attendre qu’on se noie pour penser au
danger, il faut aller au-devant, et prévenir par une musre
considération tout ce qui peut arriver de pis. L’oreiller est une
Sybille muette. Dormir sur une chose à faire vaut mieux que d’estre
éveillé par une chose faite.

VII. Les dits et les faits rendent un Homme accompli.

Il
faut dire de bonnes choses, et en faire de belles. L’un montre une
bonne teste, et l’autre un bon cœur, et l’un et l’autre naissent de la
supériorité de l’esprit. Les paroles sont l’ombre des actions. La parole
est la femelle, et faire est le masle. Il vaut mieux être le sujet du
panégyrique que le panégyriste. Il vaut mieux recevoir des louanges que
d’en donner. Le dire est aisé, le faire est difficile. Les beaux faits
sont la substance de la vie, et les beaux mots en sont l’ornement.

VIII. Entrer sous le voile de l’intérest d’autruy, pour rencontrer après le sien.

C’est
un stratagème très propre à faire obtenir ce que l’on prétend ; les
directeurs mesme enseignent cette sainte ruse pour ce qui concerne le
salut. C’est une dissimulation très importante, attendu que l’utilité
qu’on se figure sert d’amorce pour attirer la volonté. Il semble à
autruy que son intérest va le premier, et ce n’est que pour ouvrir le
chemin à la prétention. Il ne faut jamais entrer à l’étourdi, mais
surtout où il y a du danger au fond. Et lorsqu’on a affaire à ces gens
dont le premier mot est toujours : non, il ne leur faut pas montrer où
l’on vise, de peur qu’ils ne voient les raisons de ne pas accorder ; et
principalement quand on pressent qu’ils y ont de la répugnance.

IX. Traiter toujours avec des gens soigneux de leur devoir.

On
peut s’engager avec eux, et les engager ; leur devoir est leur
meilleure caution, lors mesme qu’on est en différend avec eux : car ils
agissent toujours selon ce qu’ils sont. Et, d’ailleurs, il vaut mieux
combattre contre des gens de bien que de triompher de malhonnestes gens.
Il n’y a point de susreté à traiter avec les méchants, parce qu’ils ne
se trouvent jamais obligés à ce qui est juste et raisonnable ; c’est
pourquoi il n’y a jamais de vraie amitié entre eux ; et quelque grande
que semble estre leur affection, elle est toujours de bas aloy, parce
qu’elle n’a aucun principe d’honneur.

X. Se servir d’esprits auxiliaires.

C’est
où consiste le bonheur des grands que d’avoir auprès d’eux des gens
d’esprit qui les tirent de l’embarras de l’ignorance en leur
débrouillant les affaires. L’homme a beaucoup à savoir, et peu à vivre ;
et il ne vit pas s’il ne sait rien. C’est donc une singulière adresse
d’étudier sans qu’il en couste, et d’apprendre beaucoup en apprenant de
tous. Après cela, vous voyez un homme parler dans une assemblée par
l’esprit de plusieurs ; ou plutost ce sont autant de sages qui parlent
par sa bouche, qu’il y en a qui l’ont instruit auparavant.

XI. Sympathiser avec les grands hommes.

C’est
une qualité de héros que d’aimer les héros ; c’est un instinct secret
que la nature donne à ceux qu’elle veut conduire à l’héroïsme. Il y a
une parenté de cœurs et de génies, et ses effets sont ceux que le
vulgaire ignorant attribue aux enchantements. Cette sympathie n’en
demeure pas à l’estime, elle va jusqu’à la bienveillance, d’où elle
arrive enfin à l’attachement ; elle persuade sans parler, elle obtient
sans recommandation. Il y en a une active et une passive, et plus elles
sont sublimes, plus elles sont heureuses. L’adresse est de les
connaistre, de les distinguer, et d’en savoir faire l’usage qu’il faut.
Sans cette inclination, tout le reste ne sert de rien.

XII. Ne s’engager point avec qui n’a rien à perdre.

C’est
combattre à forces inégales, car l’autre entre en lice sans embarras.
Comme il a perdu toute honte, il n’a plus rien à perdre, ni à ménager ;
et ainsi il se jette à corps perdu dans toutes sortes d’extravagances.
La réputation, quy est d’un prix inestimable, ne se doit jamais exposer à
de sy grands risques. Après avoir cousté beaucoup d’années à acquérir,
elle vient à se perdre en un moment. Il ne faut qu’un petit vent pour
geler une abondante sueur. La considération d’avoir beaucoup à perdre
retient un homme prudent. Dès qu’il pense à sa réputation, il envisage
le danger de la perdre.

XIII. Se mesurer selon les gens.

Il
ne faut pas se piquer également d’habileté avec tous, ny employer plus
de forces que l’occasion n’en demande. Point de profusion de science ni
de puissance. Le bon fauconnier ne jette de manger au gibier que ce qui
est nécessaire pour le prendre. Gardez-vous bien de faire ostentation de
tout, car vous manqueriez bientost d’admirateurs. Il faut toujours
garder quelque chose de nouveau pour paraistre le lendemain. Chaque
jour, chaque échantillon ; c’est le moyen d’entretenir toujours son
crédit, et d’être d’autant plus admiré qu’on ne laisse jamais voir les
bornes de sa capacité.


XIV. Ne se point ouvrir, ni déclarer.

L’admiration
que l’on a pour la nouveauté est ce qui fait estimer les succès. Il n’y
a point d’utilité, ni de plaisir, à jouer à jeu découvert. C’est le
moyen de tenir les esprits en suspens, surtout dans les choses
importantes, qui font l’objet de l’attente universelle. Cela fait croire
qu’il y a du mystère en tout, et le secret excite la vénération. Dans
la manière de s’expliquer, on doit éviter de parler trop clairement ;
et, dans la conversation, il ne faut pas toujours parler à cœur ouvert.
Le silence est le sanctuaire de la prudence.

XV. Procéder quelquefois finement, quelquefois rondement.

La
vie humaine est un combat contre la malice de l’homme mesme. L’homme
adroit y emploie pour armes les stratagèmes de l’intention. Il ne fait
jamais ce qu’il montre avoir envie de faire ; S’il dit un mot, c’est
pour amuser l’attention de ses rivaux, et, dès qu’elle est occupée à ce
qu’ils pensent, il exécute aussitost ce qu’ils ne pensaient pas. Celuy
donc qui veut se garder d’estre trompé prévient la ruse. Il entend
toujours le contraire de ce qu’on veut qu’il entende, et, par là, il
découvre incontinent la feinte. Il laisse passer le premier coup, pour
attendre de pied ferme le second, ou le troisième. Et puis, quand son
artifice est connu, il raffine sa dissimulation, en se servant de la
vérité mesme pour tromper. Il change de jeu et de batterie, pour changer
de ruse. Son artifice est de n’en avoir plus, et toute sa finesse est
de passer de la dissimulation précédente à la candeur.

XVI. Trouver le faible de chacun.

C’est
l’art de manier les volontés et de faire venir les hommes à son but. Il
y va plus d’adresse que de résolution à savoir par où il faut entrer
dans l’esprit de chacun. Il n’y a point de volonté qui n’ait sa passion
dominante ; et ces passions sont différentes selon la diversité des
esprits. Tous les hommes sont idolastres, les uns de l’honneur, les
autres de l’intérest, et la plupart de leur plaisir. L’habileté est donc
de bien connaistre ces idoles, pour entrer dans le faible de ceux qui
les adorent : c’est comme tenir la clef de la volonté d’autrui.

XVII. Conserver la majesté propre à son état.

Que
toutes tes actions soient, sinon d’un prince, du moins dignes d’un
prince à proportion de ton état : c’est-à-dire procède royalement,
autant que ta fortune te le peut permettre. De la grandeur à tes
actions, de l’élévation à tes pensées. afin que, si tu n’es pas prince
en effet, tu le sois en mérite ; car la vraie grandeur consiste en la
vertu. Celuy-là n’aura pas lieu d’envier la grandeur, qui pourra en être
le modèle. Mais il importe principalement à ceux qui sont sur le trône,
ou qui en approchent, de faire quelque provision de la vraie
supériorité, c’est-à-dire des perfections de la majesté, plutost que de
se repaistre des cérémonies que la vanité et le luxe ont introduites.
Ils doivent préférer le solide de la substance au vide de l’ostentation.

XVIII. Avoir du sang aux ongles.

Quand
le lion est mort, les lièvres ne craignent pas de l’insulter. Les
braves gens n’entendent point raillerie. Quand on ne résiste pas la
première fois, on résiste encore moins la seconde, et c’est toujours de
pis en pis ; car la mesme difficulté, qui se pouvait surmonter au
commencement, est plus grande à la fin. La vigueur de l’esprit surpasse
celle du corps, il la faut toujours tenir preste, ainsi que l’épée, pour
s’en servir dans l’occasion ; c’est par où l’on se fait respecter.
Plusieurs ont eu d’éminentes qualités, qui, faute d’avoir eu du cœur,
ont passé pour morts, ayant toujours vécu ensevelis dans l’obscurité de
leur abandonnement. Ce n’est pas sans raison que la nature a joint dans
les abeilles le miel et l’aiguillon, et pareillement les nerfs et les os
dans le corps humain. Il faut donc que l’esprit ait aussi quelque
mélange de douceur et de fermeté.


XIX. Se bien garder de vaincre son maistre

Toute
supériorité est odieuse ; mais celle d’un sujet sur son prince est
toujours folle, ou fatale. L’homme adroit cache des avantages vulgaires,
ainsi qu’une femme modeste déguise sa beauté sous un habit négligé. Il
se trouvera bien qui voudra céder en bonne fortune, et en belle humeur ;
mais personne qui veuille céder en esprit, encore moins un souverain.
L’esprit est le roi des attributs, et, par conséquent, chaque offense
qu’on lui fait est un crime de lèse-majesté. Les souverains le veulent
estre en tout ce qui est le plus éminent. Les princes veulent bien estre
aidés, mais non surpassés. Ceux qui les conseillent doivent parler
comme des gens qui les font souvenir de ce qu’ils oubliaient, et non
point comme leur enseignant ce qu’ils ne savaient pas.

XX. Faire, et faire paraistre.

Les
choses ne passent point pour ce qu’elles sont, mais pour ce qu’elles
paraissent estre. Savoir faire, et le savoir montrer, c’est double
savoir. Ce qui ne se voit point est comme s’il n’était point. La raison
mesme perd son autorité, lors qu’elle ne paraît pas telle. Il y a bien
plus de gens trompés que d’habiles gens. La tromperie l’emporte
hautement, d’autant que les choses ne sont regardées que par le dehors.
Bien des choses paraissent toutes autres qu’elles ne sont. Le bon
extérieur est la meilleure recommandation de la perfection intérieure.



 Petit Precis de survie à la cour de France - Volume III Reliure4
Nota. Imprimé à 30 Exemplaires,

On pourra se procurer au besoin , cet ouvrage ,

A l'Académie Royale de France, Au palais,

Vis à vis la porte de l'Eglise de la Ste Chapelle,

à l'image S. Loiiis.

Exemplaire 1/30.

En librairie à l'Académie Royale de France.
 Petit Precis de survie à la cour de France - Volume III Sinoplezb6


 Petit Precis de survie à la cour de France - Volume III Reliure4

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 Petit Precis de survie à la cour de France - Volume III Art222

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