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 Petit Precis de survie à la cour de France - Volume II

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Walan

Walan


Messages : 296
Date d'inscription : 28/08/2011

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MessageSujet: Petit Precis de survie à la cour de France - Volume II   Petit Precis de survie à la cour de France - Volume II Icon_minitimeSam 3 Sep - 19:59

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Petit Precis de survie à la cour de France - Volume II

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Francois Noel de Voltaire
Académicien Royal de France


Nombre de messages: 769
Duché/Comté: Cahors, Guyenne
Date d'inscription: 30/10/2007

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Petit Precis de survie à la cour de France - Volume II Icon_minipostSujet: Petit Precis de survie à la cour de France - Volume II Petit Precis de survie à la cour de France - Volume II Icon_minitimeLun 27 Juil - 3:14 Petit Precis de survie à la cour de France - Volume II Icon_quote_fr Petit Precis de survie à la cour de France - Volume II Icon_edit_fr Petit Precis de survie à la cour de France - Volume II Icon_delete Petit Precis de survie à la cour de France - Volume II Icon_ip

Citation:
Petit Precis de survie à la cour de France - Volume II Reliure4


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Petit précis de survie à la Cour de France
Volume II - Savoir la Cour

Par Francois Noel de Voltaire
Imprimé aux despens de l'auteur et se vend

A PARIS
A l'Académie Royale de France, Au palais,
Vis à vis la porte de l'Eglise de la Ste Chapelle
à l'image S. Loiiis.

Avec le privilège du Roy

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Petit Precis de survie à la cour de France - Volume II Reliure4


Au
beau Cardinal, Baron de Nuit St Georges, Duc de Beaujeu et Pair de
France, qui su baiser les cimes en ne courtisant que luy-mesme.


Préface


Petit Precis de survie à la cour de France - Volume II Reliure4

I. Savoir cultiver et embellir.

L’homme
naist barbare, il ne se rachète de la condition des bestes que par la
culture ; plus il est cultivé, plus il devient homme. C’est à l’égard de
l’éducation que la Grèce a eu droit d’appeler barbare tout le reste du
monde. Il n’y a rien de si grossier que l’ignorance ; ni rien qui rende
sy poly que le savoir. Mais la science mesme est grossière, si elle est
sans art. Ce n’est pas assez que l’entendement soit éclairé, il faut
aussy que la volonté soit réglée, et encore plus la manière de
converser. Il y a des hommes naturellement polis, soit pour la
conception, ou pour le parler ; pour les avantages du corps, qui sont
comme l’écorce ; ou pour ceux de l’esprit, qui sont comme les fruits. Il
y en a d’autres, au contraire, si grossiers que toutes leurs actions,
et quelquefois mesme de riches talents qu’ils ont sont défigurés par la
rusticité de leur humeur.

II. Savoir reconnaistre parfaitement son génie, son esprit, son cœur, et ses passions.

L’on
ne saurait estre maistre de soi-mesme que l’on ne se connaisse à fond.
Il y a des miroirs pour le visage, mais il n’yen a point pour l’esprit.
Il y faut donc suppléer par une sérieuse réflexion sur soi-mesme. Quand
l’image extérieure s’échappera, que l’intérieure la retienne et la
corrige. Mesure tes forces et ton adresse avant que de rien entreprendre
; connais ton activité pour t’engager ; sonde ton fonds, et sache où
peut aller ta capacité pour toutes choses.

III. Savoir traiter avec ceux de qui l’on peut apprendre.

La
conversation familière doit servir d’école d’érudition et de politesse.
De ses amis, il en faut faire ses maistres, assaisonnant le plaisir de
converser de l’utilité d’apprendre. Entre les gens d’esprit la
jouissance est réciproque. Ceux qui parlent sont payés de
l’applaudissement qu’on donne à ce qu’ils disent ; et ceux qui écoutent,
du profit qu’ils en reçoivent. Notre intérest propre nous porte à
converser. L’homme d’entendement fréquente les bons courtisans, dont les
maisons sont plutost les théâtres de l’héroïsme que les palais de la
vanité.

IV. Savoir user de ses amis.

Il y
va de grande adresse. Les uns sont bons pour s’en servir de loin ; et
les autres pour les avoir auprès de soy. Tel quy n’a pas été bon pour la
conversation, l’est pour la correspondance. L’éloignement efface
certains défauts que la présence rendait insupportables. Dans les amis,
il n’y faut pas chercher seulement le plaisir, mais encore l’utilité.
L’ami doit avoir trois qualités du bien, ou, comme disent les autres, de
l’estre : l’unité, la bonté, la vérité ; d’autant que l’ami tient lieu
de toutes choses. Il y en a très peu qui puissent estre donnés pour bons
; et, de ne les savoir pas choisir, le nombre en devient encore plus
petit. Les savoir conserver est plus que de les avoir su faire.

V. Savoir ne pas abuser de la faveur.

Les
grands amis sont pour les grandes occasions. Il ne faut pas employer
beaucoup de faveur en des choses de peu d’importance, ce serait la
dissiper. L’ancre sacrée est toujours gardée pour la dernière extrémité.
Si l’on prodigue le beaucoup pour le peu, que restera-t-il pour le
besoin à venir ? Aujourd’hui, il n’y a rien de meilleur que les
protecteurs, ni rien de plus précieux que la faveur ; elle fait et
défait, jusqu’à donner de l’esprit, et à l’oster. La fortune a toujours
été aussi marâtre aux sages que la nature et la renommée leur ont été
favorables. Il vaut mieux savoir conserver ses amis que ses biens.

VI. Savoir s’accommoder à toutes sortes de gens.

Sage
est le Protée qui est saint avec les saints, docte avec les doctes,
sérieux avec les sérieux, et jovial avec les enjoués. C’est là le moyen
de gagner tous les cœurs, la ressemblance étant le lien de la
bienveillance. Discerner les esprits, et, par une transformation
politique, entrer dans l’humeur et dans le caractère de chacun, c’est un
secret absolument nécessaire à ceux qui dépendent d’autruy ; mais il
faut pour cela un grand fonds. L’homme universel en connaissance et en
expérience a moins de peine à s’y faire.

VII. Savoir se faire aux humeurs de ceux avec qui l’on a à vivre.

L’on
s’accoutume bien à voir de laids visages, on peut donc s’accoutumer
aussi à de méchantes humeurs. Il y a des esprits revesches, avec quy, ny
sans quy l’on ne saurait vivre. C’est donc prudence que de s’y
accoutumer, comme l’on fait à la laideur, pour n’en estre pas surpris ny
épouvanté dans l’occasion. La première fois ils font peur, mais l’on
s’y fait peu à peu, la réflexion prévenant ce qu’il y a de rude en eux,
ou du moins aidant à le tolérer.

VIII. Savoir ne se plaindre jamais.

Les
plaintes ruinent toujours le crédit ; elles excitent plutost la passion
à nous offenser que la compassion à nous consoler ; elles ouvrent le
passage à ceux qui les écoutent, pour nous faire la mesme chose que ceux
de qui nous nous plaignons ; et la connaissance de l’injure faite par
le premier sert d’excuse au second. Quelques uns, en se plaignant des
offenses passées, donnent lieu à celles de l’avenir ; et, au lieu du
remède et de la consolation qu’ils prétendent, ils donnent du plaisir
aux autres, et s’attirent mesme leur mépris.

IX. Savoir connaistre les jours malheureux.

Car
il y en a où rien ne réussira. Tu auras beau changer de jeu, tu ne
changeras point de sort. C’est au second coup qu’il faudra prendre garde
si l’on a le sort favorable, ou contraire. L’entendement mesme a ses
jours ; car il ne s’est encore vu personne qui fust habile à toutes
heures. Il y va de bonheur à raisonner juste, comme à bien écrire une
lettre. Toutes les perfections ont leur saison, et la beauté n’est pas
toujours de quartier. La discrétion se dément quelquefois, tantost en
cédant, tantôt en excédant. Enfin, pour bien réussir, il faut estre de
jour. Comme tout réussit mal aux uns, tout réussit bien aux autres, et
mesme avec moins de peine et de soin.

X. Savoir tirer profit de ses ennemis.

Toutes
les choses se doivent prendre, non par le tranchant, ce qui blesserait,
mais par la poi gnée, qui est le moyen de se défendre ; à plus forte
raison l’envie. Le sage tire plus de profit de ses ennemis que le fou
n’en tire de ses amis. Les envieux servent d’aiguillon au sage à
surmonter mille difficultés, au lieu que les flatteurs en détournent
souvent. Plusieurs sont redevables de leur fortune à leurs envieux. La
flatterye est plus cruelle que la haine, d’autant qu’elle pallie des
défauts où celle-ci fait remédier. Le sage se fait de la haine de ses
envieux un miroir où il se voit bien mieux que dans celui de la
bienveillance. Ce miroir lui sert à corriger ses défauts, et par
conséquent à ’prévenir la médisance ; car on se tient fort sur ses
gardes quand on a des rivaux ou des ennemis pour voisins.


XI. Savoir ne point donner dans l’humeur vulgaire.

C’est
un grand homme que celui qui ne donne point d’entrée aux impressions
populaires. C’est une leçon de prudence de réfléchir sur soi-mesme, de
connaistre son propre penchant, et de le prévenir, et d’aller mesme à
l’autre extrémité pour trouver l’équilibre de la raison entre la nature
et l’art. La connaissance de soi-mesme est le commencement de
l’amendement. Il y a des monstres d’impertinence qui sont tantost d’une
humeur, tantost d’une autre, et qui changent de sentiments comme
d’humeur. Ils s’engagent à des choses toutes contraires, se laissant
toujours entraisner à l’impétuosité de ce débordement civil qui ne
corrompt pas seulement la volonté, mais encore la connaissance et le
jugement.

XII. Savoir eviter le trop de familiarité dans la conversation.

Il
n’est à propos ny de la pratiquer, ny de la souffrir. Celui qui se
familiarise perd aussitost la supériorité que luy donnait son air
sérieux, et, par conséquent, son crédit. Les astres se conservent dans
leur splendeur parce qu’ils ne se commettent point avec nous. En se
divinisant, l’on s’attire du respect ; en s’humanisant, du mépris. Plus
les choses humaines sont communes, moins elles sont estimées ; car la
communication découvre des imperfections que la retraite couvrait. Il ne
se faut populariser avec personne : point avec ses supérieurs, à cause
du danger, ni avec ses inférieurs, à cause de l’indécence ; encore moins
avec les petites gens, que l’ignorance rend insolents.

XIII. Savoir entretenir l’attente d’autrui.

Le
moyen de l’entretenir est de lui fournir toujours de nouvelle
nourriture. Le beaucoup doit promettre davantage ; une grande action
doit servir d’aiguillon à d’autres encore plus grandes. Il ne faut pas
tout montrer dès la première fois. C’est un coup d’adresse de savoir
mesurer ses forces au besoin et au temps, et de s’acquitter de jour en
jour de ce que l’on doit à l’attente publique.

XIV. Savoir parler net.

Cela
montre non seulement du dégagement, mais encore de la vivacité
d’esprit. Quelques-uns conçoivent bien, et enfantent mal ; car, sans la
clarté, les enfants de l’asme, c’est-à-dire les pensées et les
expressions, ne sauraient venir au jour.

XV. Savoir refuser.

Tout
ne se doit pas accorder, ni à tous. Savoir refuser est d’aussi grande
importance que savoir octroyer ; et c’est un point très nécessaire à
ceux qui commandent. Il y va de la manière. Un non de quelques-uns est
mieux reçu qu’un oui de quelques autres, parce qu’un non assaisonné de
civilité contente plus qu’un oui de mauvaise grasce. Il y a des gens qui
ont toujours un non à la bouche, le non est toujours leur première
réponse, et, quoiqu’il leur arrive après de tout accorder, on ne leur en
sait point de gré, à cause du non mal assaisonné qui a précédé. Il ne
faut pas refuser tout-à-plat, mais faire goûter son refus à petites
gorgées, pour ainsi dire. Il ne faut pas non plus tout refuser, de peur
de désespérer les gens, mais au contraire laisser toujours un reste
d’espérance pour adoucir l’amertume du refus.


Petit Precis de survie à la cour de France - Volume II Reliure4
Nota. Imprimé à 30 Exemplaires,

On pourra se procurer au besoin , cet ouvrage ,

A l'Académie Royale de France, Au palais,

Vis à vis la porte de l'Eglise de la Ste Chapelle,

à l'image S. Loiiis.

Exemplaire 1/30.

En librairie à l'Académie Royale de France.
Petit Precis de survie à la cour de France - Volume II Sinoplezb6


Petit Precis de survie à la cour de France - Volume II Reliure4

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Petit Precis de survie à la cour de France - Volume II Art222

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